Chroniques de la Bastide de Sérou et du reste du monde
Le gouvernement français a publié « Tous responsables », un guide destiné à préparer les Français à diverses crises. - © Juan Mendez / Reporterre
Le gouvernement publie un manuel de survie en cas de catastrophe. Ce guide, au parfum survivaliste, acte la fin de l’État-providence et participe à la militarisation des esprits.
C’est un mouvement insidieux, une petite musique qui revient comme une rengaine. Face à la catastrophe climatique et à l’horizon qui se couvre, les autorités nous enjoignent à la « responsabilité » et à la « résilience ». Depuis la pandémie de Covid-19, le gouvernement, qui n’a pas su gérer l’ampleur de la crise sanitaire, promeut à l’excès l’engagement individuel de la population face aux crises. Il nous fait entrer de plain-pied dans une nouvelle époque. L’ère du capitalisme apocalyptique, sur fond de discours guerriers.
« Chaque jour, vous êtes témoins d’un monde en crise. Notre société doit s’adapter pour être plus forte. Chaque citoyen est acteur de sa sécurité et de celle de la Nation. » C’est ainsi que commence le tout nouveau manuel de survie écrit par le gouvernement à l’attention des Français et des Françaises.
Publié le 20 novembre et intitulé « Tous responsables », ce guide donne des conseils pour « se préparer » aux catastrophes naturelles, nucléaires, sanitaires et terroristes. Il invite chaque famille à se constituer « un kit d’urgence » — avec des provisions de nourriture, de l’eau, des médicaments, une radio, etc. — pour tenir au moins 72 heures. Le manuel commandé il y a quelques années par Jean Castex, alors qu’il était à la tête du gouvernement, s’inspire des livrets déjà édités par la Suède, la Norvège et la Finlande, face à la menace russe.
Sa diffusion dans les boîtes aux lettres a finalement été abandonnée — il devait être imprimé massivement — pour ne pas plomber le moral des Français à la veille des fêtes de fin d’année. Sa publication est restée cantonnée aux sites des ministères, sous format numérique. Son contenu n’en reste pas moins déconcertant et anxiogène.
« Préparez-vous à faire face : vous et vos proches pourriez être amenés à affronter une situation dans laquelle le fonctionnement ordinaire de la société serait perturbé, annonce le manuel. Chaque citoyen doit être en mesure de se protéger et de protéger ses proches. »
« N’oubliez pas de boire et manger »
Les conseils distillés tout le long de la brochure frisent pourtant le bon sens et l’infantilisation. Les auteurs invitent à ne pas prendre la voiture, à ne pas descendre dans les sous-sols et les parkings souterrains en cas d’inondation, à s’éloigner de ce qui pourrait s’effondrer en cas de séisme, à ne pas circuler dans des zones à forte pente lors d’un mouvement de terrain. Les premiers jours, pendant la crise, il ne faudrait pas oublier, rappelle le gouvernement, de « boire et manger, avoir chaud et se soigner »...
Le manuel mélange, pêle-mêle, toute forme de catastrophes — les crises commerciales, les feux de forêt, les cyberattaques, les guerres — dans un grand gloubi-boulga paranoïaque. « C’est fou, à la fois intriguant et effrayant, réagit le sociologue Bertrand Vidal, auteur d’un ouvrage sur le survivalisme. Ce manuel participe à une forme d’anxiété sociale. » Le monde est vu comme un territoire hostile où la menace peut surgir de partout. « Le gouvernement valide cette perception et lui donne une légitimité officielle. Il acte que l’effondrement va arriver et que la catastrophe n’est plus une fiction. C’est du survivalisme d’État », dit le chercheur.
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Entre les lignes, la morale néolibérale triomphe. « Je ne peux compter que sur moi-même » est le mantra qui est déployé en toile de fond, remarque Bertrand Vidal. Avec toujours la même injonction à l’autonomie et à l’adaptation, le même repli individualiste et égoïste.
« C’est aussi un aveu d’impuissance, poursuit-il. Les autorités nous disent que l’État-providence n’est plus là pour nous protéger et qu’il ne sera pas capable d’absorber le choc. L’État délègue une partie de sa logistique, son assurance, son soin et sa prise en charge à l’individu qui doit désormais se débrouiller tout seul. »
Pour le chercheur Thierry Ribault, grand critique de la notion de résilience, c’est le titre même du manuel qui interpelle : « Tous responsables » comme si « nous étions tous comptables de ce qui nous arrive, comme si la société entière était responsable des crises ». « C’est une stratégie politique de culpabilisation des victimes qui nie les causes réelles des catastrophes en cours, dit-il. Le gouvernement prône le statu quo. Il tente de détourner l’attention pour ne surtout pas remettre en cause la trajectoire technocapitaliste et industrielle qui est à l’origine des crises. »
« C’est une stratégie politique de culpabilisation des victimes »
D’ailleurs, les solutions prônées par le gouvernement en cas de situation d’urgence frisent le ridicule. Il propose un numéro vert, gratuit et anonyme, pour prévenir les autorités « lorsqu’une combinaison d’indices laisse présager une radicalisation ». Il a aussi créé une application Fr-Alert pour recevoir une notification automatique sur téléphone pour toute personne qui se trouve dans « une zone concernée par un danger imminent ». Encore faudrait-il qu’il y ait du réseau.
« Les décideurs paraissent complètement déconnectés, observe Bertrand Vidal. Non seulement ils prennent les citoyens pour de grands idiots, mais leurs conseils sont déplacés. Comment appeler les gens à faire des provisions quand 16 % des Français vivent en précarité alimentaire et qu’un Français sur trois dit avoir du mal à manger trois repas par jour ? La pénurie de nourriture, de transport et d’énergie existe déjà. Les gens vivent des privations quotidiennes depuis des années. »
Pour Thierry Ribault, ce manuel sonne avant tout comme « un rappel à l’ordre », pas détaché du contexte général. La brochure invite à « respecter les consignes des autorités diffusées sur les canaux officiels » et appelle au patriotisme. « Chaque citoyen se doit d’être utile que ce soit par un engagement au sein des Forces armées ou au sein de diverses réserves opérationnelles », est-il écrit. L’image qui illustre le passage présente un militaire armé d’un Famas et un gendarme. Derrière un pompier et une femme en uniforme.
« Ce manuel est un élément de plus dans l’idéologie actuelle prônée par le gouvernement d’arsenalisation du peuple, estime Thierry Ribault. On transforme le peuple en arme que l’on réactive face à des ennemis potentiels. »
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Cette idée vient d’ailleurs faire écho au discours belliqueux du chef d’état-major des armées, le général Mandon, qui déclarait le 18 novembre que la France devait « accepter de perdre ses enfants » en cas de conflit. Et qu’il fallait se tenir prêt à un choc, dans 3 à 4 ans, face à la Russie. Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable, quelques jours plus tard, à un service militaire volontaire.
« On nous prépare à l’imminence de la guerre », juge Thierry Ribault. Un an après l’appel au « réarmement civique », le gouvernement continue de surfer sur notre sidération. « L’objectif est toujours le même : ne pas s’attaquer aux responsables ; ne pas remettre en cause le système ; éviter la révolte contre ce qui règne. L’État préférera toujours la guerre à une critique du système économico-politique qui nous mène droit au désastre. »
Contacté, le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) n’a pas répondu à nos questions.
Ce post se veut avant tout un remerciement sonorisé aux acteurs et actrices et au réalisateur.
Bises à toutes et tous.
Nota Bene : Ce spectacle est particulièrement recommandé aux directeurs et directrices d'EHPAD.
Pour savoir sur la compagnie ZIRLIB : https://zirlib.fr/index.php
Rodrigue a du cœur et plus de 6 cordes à sa guitare...
Lorsqu'il ne fréquente pas la fine fleur des musiciens ariégeois du Collectif Orri comme ICI à l'Estive ou qu'il s'évade sur les chemins de la Bossa Nova , il compose ...
C'est à Saint Martin de Caralp que nous avons découvert le nouveau spectacle de Rodrigue Bervoet alias Meta Hurakin . ,
"Chansons à rêver" , un conte musical qui enchanta enfants et adultes présents , fascinés notamment par cette langue qu'il a créée , sa voix et ses guitares. .
S'il passe près de chez vous , courez y ... tranquillement comme sa musique l'exige .
sinon vous pouvez le contacter via son site : https://www.metahurakin.com/
Bon voyage.